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les fuites de l’inspiration y sont fréquentes et souvent funestes. Mais l’œuvre a étrangement bénéficié d’une certaine image de l’homme qui, plus que quiconque ici, a personnifié depuis plusieurs années « l’homme de cinéma ». Personnage difficilement saisissable, Jutra a placé ses films à part et tout le monde a fait de même ; ce qui explique pour une bonne part la déception qui attend le spectateur à un nouveau visionnement de Jeunesses musicales, Les Mains nettes, Félix Leclerc, troubadour ou Fred Barry. C’est la période archaïque : chaque film repose sur quelques trouvailles qui ne sont plus aujourd’hui que curiosités.


Johanne Harrelle dans À tout prendre

Les vraies qualités du cinéaste de cette époque c’est dans Pierrot des bois qu’il faut les rechercher. Entrepris en 1955 avec la collaboration de Michel Brault, Pierrot des bois fut terminé trois ou quatre ans plus tard, Maurice Blackburn y ajoutant finalement une trame musicale. C’est un simple conte du Pierrot heureux d’être en forêt et d’y découvrir une fleur. Jutra y met à l’épreuve ses nouveaux talents de mime et s’en sort fort honnêtement. La photographie de Brault est toujours belle, un tout petit peu fleur bleue, comme le film ; tout dans cet essai