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Michel Brault a aussi collaboré à deux films du cinéaste français Mario Ruspoli : Les Inconnus de la terre (1961) et Regards sur la jolie (1961). Il a de plus signé la photo des Bateaux de neige de Jacques Giraldeau et a collaboré étroitement à la réalisation de Seul ou avec d’autres de Arcand, Héroux et Venne, et de À tout prendre de Claude Jutra.

En tant que réalisateur Michel Brault a signé : Les Raquetteurs (1958 — avec Gilles Groulx), La Lutte (1961 — avec Jutra, Fournier, Carrière), Québec-U. S. A. (1961 — avec Jutra), Les Enfants du silence (1962 — avec Jutra), Pour la suite du monde (1962 — avec Pierre Perrault), Le Temps perdu (1963) et La Fleur de l’âge (1964). Il termine actuellement un long métrage, Entre la mer et l’eau douce.

Michel Brault est le premier cinéaste québécois dont le nom se soit imposé au-delà de nos frontières. À New-York comme à Paris, à Rome comme à Prague, le nom de Brault est connu, son travail et ses expériences admirés. Sa collaboration aux films de Jean Rouch aussi bien que son travail de caméraman-réalisateur à l’O. N. F. lui ont conféré un rôle de premier plan dans l’aventure du cinéma-vérité.

Formé à l’école de Terence Macartney-Filgate et du Candid Eye, Michel Brault a hérité des dons d’observation et d’invention spontanée propres à Filgate, Kroitor, Kœnig et compagnie. La démarche de Brault, son attitude face à la réalité, est toujours celle d’un curieux. Si son regard se traduit idéalement dans le regard de la caméra c’est que la caméra, par la volonté et l’habileté de son opérateur, est devenue l’extension la plus immédiate et la plus normale du regard. Cette intimité avec la réalité qui marque les films les plus réussis de Brault tient pour beaucoup à l’intimité de l’homme avec son outil : le bras se termine maintenant avec la caméra qui à son tour rejoint l’œil qui regarde le monde — sans l’intervention du trépied qui fixait trop rapidement le regard. Et que ce regard soit ironique (Les Raquetteurs et Québec-U. S. A.) ou amoureux (Chronique d’un été et Pour La suite du monde) il est toujours juste parce qu’il dialogue de plein pied avec le réel — et une expérience ratée comme Le Temps perdu l’est