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beau qui réaffirme les qualités exceptionnelles de monteur de Groulx et son inlassable goût du réel.

Les films de Gilles Groulx ont été des étapes majeures dans la genèse du cinéma du Canada français. Le talent et la lucidité avec lesquels il a vécu son expérience de cinéaste sont uniques dans notre cinéma. Mais si nous le voulons vraiment, tout ne fait que commencer pour Gilles Groulx, cinéaste québécois.


MICHEL BRAULT


Michel Brault (né à Montréal en 1928) fut de cette génération de jeunes Canadiens français qui, vers les années ’50, découvraient le cinéma dans les ciné-clubs, alors fort actifs. Animateur de Cinéma 16, collaborateur de la revue Découpages, Brault décida très tôt de faire du cinéma ; au temps de ses études, avec Jacques Giraldeau et Raymond-Marie Léger, il projette de tourner L’Étranger de Camus. Dès 1949, en tant qu’opérateur, il collabore aux premiers films de Claude Jutra. À l’été de 1950 il obtient un emploi de vacances à l’Office national du film, en tant qu’assistant-caméraman. Par la suite il fait de la photographie commerciale et (de 1953 à 1955) travaille à la télévision, aux séries Petites Médisances et Images en boîte.

En 1956 Brault retourne à l’O. N. F., comme assistant-chef opérateur cette fois. Il devient bientôt chef opérateur ; à ce titre il travaille à de nombreux films de l’équipe française : Les mains nettes (1958), Félix Leclerc, troubadour (1959), Normétal (1960), La Lutte (1961), Québec-U. S. A. (1961), etc.

Durant l’été de 1959, alors qu’il participe au Flaherty Seminar, Brault fait connaissance de l’ethnologue-cinéaste français Jean Rouch. De cette rencontre naîtra une amitié précieuse et une collaboration qui s’étendra à deux films de Rouch, photographies par Brault : Chronique d’un été (1960) et La Punition (1960). Le travail avec Rouch marquera une étape décisive dans la carrière de Brault : la nécessité dorénavant de prendre position moralement en face de la réalité montrée.