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et Cœur de Maman, adapté d’un mélodrame boulevardier d’Henri Deyglun. C’est d’Henri Deyglun encore que s’inspire Jean-Yves Bigras pour réaliser L’Esprit du Mal.

Tit-Coq connut un certain succès, conséquence de son triomphe récent à la scène, et fut distribué en Nouvelle-Angleterre. Cœur de maman et L’Esprit du Mal n’étaient déjà plus dans la course : la télévision leur avait ravi leur petit public. L’aventure avait assez duré : on sera presque dix ans sans en reparler.

La plupart des films que nous avons énumérés au long des pages qui précèdent sont aujourd’hui bien au fond de nos souvenirs. Leur fonction ayant été dans presque tous les cas de donner des images à la radio (de permettre au public populaire de voir les héros dont ils connaissaient déjà la voix pour s’en être enivré cinq soirs par semaine depuis plusieurs années), ces films-accidents ne pouvaient que céder leur place au petit écran qui, à son tour et pour un bon moment aussi, s’évertuera a prolonger la radio.

1954, 1955, 1956 : c’est l’âge d’or des ciné-clubs qui commence a Montréal et un peu partout au Québec. Les cinéphiles se rassemblent, discutent et rêvent parfois de faire un film. Le cinéma devient une valeur culturelle et les produits de consommation de la veille, aurait-on continué à les réaliser, n’auraient plus eu de marché. Il est d’ailleurs révélateur que très peu de cinéastes soient sortis des folles aventures des années 1945-1953 : ces « exploits » marquaient la fin d’une époque, d’un certain folklore ; ceux qui viendront après seront des hommes neufs.