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Gury. C’est Claude-Henri Grignon lui-même, l’auteur du livre, qui adapte son œuvre. Juliette Béliveau, Henri Poitras, Nicole Germain, Hector Charland, Guy Provost et Ovila Légaré sont de la distribution. Le film fut tourné en quelques semaines dans les studios de Saint-Hyacinthe et en décors naturels dans les Laurentides. L’Office national du film, dont le siège social est alors à Ottawa, consentit à prêter certains de ses services techniques à la production.

La première d’Un Homme et son péché eut lieu le 29 janvier 1949 dans cinq villes du Québec : Montréal, Québec, Sherbrooke, Trois-Rivières et Hull. Le film fut bien accueilli : «… nous sommes devant un vrai film de chez nous », écrit Léon Franque dans La Presse et il n’hésite pas à affirmer : « On tient le succès », Sydney Johnson, du Montreal Star, vante les comédiens, et Jean Desprez, toujours technique, remarque un « magnifique baiser », malheureusement trop hollywoodien. Tout le monde, même René Lévesque au Clairon de Saint-Hyacinthe, souligne les progrès énormes faits depuis Le Père Chopin et La Forteresse. Seul, le Père Ernest Gagnon, s. j., chroniqueur à la revue Relations, est vraiment déçu : « Nous avons attendu, en vain, un simple beau film ». Néanmoins c’est le triomphe : on voit un futur grand nom du cinéma en Guy Provost, et Nicole Germain, consacrée vedette, fait de la réclame pour le savon Lux. Les recettes du film sont bonnes d’ailleurs : $500.00 à Sainte-Adèle, $167.37 à Pointe-Claire, $3,551.25 à Chicoutimi. Présenté au premier Palmarès du film canadien, à Ottawa, Un Homme et son péché se mérita une Mention honorable et fut par la suite envoyé au festival de Venise et distribué dans les villes françaises de la Nouvelle-Angleterre.

À l’été de 1949 les producteurs du Québec sont fort occupés. Alors que chez Renaissance René Delacroix tourne Le Gros Bill (avec Ginette Letondal, Juliette Béliveau, Maurice Gauvin et Paul Guévremont) et que Dirk Jarvis met la dernière main à Forbidden Journey pour Selkirk Productions, c’est encore chez Québec Productions que les grandes œuvres viennent au monde : en juillet, Paul Gury donne le premier tour de manivelle du Curé de Village. Célèbre radio-roman du poète Robert Choquette,