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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

nos malheurs civils. La partie de son manifeste que je reproduis montrera que notre intention est de partir de la capacité électorale requise aux veuves et aux filles majeures, pour acquérir celles des femmes en pouvoir de mari.



MANIFESTE

POUR LA REVENDICATION DU SUFFRAGE DES FEMMES.


L’extension du droit de suffrage pour les hommes, la forme démocratique des gouvernements, les principes mêmes de la liberté moderne, appellent l’attention publique sur la participation des femmes au vote. Aussi cette question est-elle déjà résolue dans plusieurs parties de l’ancien monde et du nouveau.

Dans la France libre de 89, Condorcet et Sieyès revendiquaient énergiquement le droit de cité pour les femmes, lorsque le premier Empire et la domination oligarchique du suffrage restreint étouffèrent les aspirations libérales des hommes de progrès.

Quand le peuple conquit l’exercice du vote en 1848, les esprits méditatifs comprirent que l’exclusion d’une moitié de l’humanité, classée à priori, vu l’imbécilité du sexe, parmi les interdits pour crimes et délits, est une injure gratuite pour les femmes, égales à l’homme comme Français devant l’impôt direct et indirect, ainsi que devant le code pénal, et qu’il est ironique de déclarer universel un suffrage qui les repousse à titre de mineures privées de discernement.

La revendication de leur droit ne put être entravée de nouveau que par l’arbitraire d’un gouvernement qui, en déclarant irresponsables les fonctionnaires publics, mit