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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

qui ne cède jamais rien aux personnes et aux circonstances.

La sécularisation des emplois est de règle générale lorsque le personnel dépendant de l’État est directement rétribué par lui, et nous la trouvons acceptée par tous dans l’enseignement secondaire et supérieur. Mais le droit de l’État n’étant que celui d’un particulier qui choisit les professeurs qu’il paye, il en résulte qu’il n’a rien à imposer ici partout où il ne paye pas ; c’est le cas, je crois, pour la majeure partie des écoles primaires, entretenues aux frais des départements et des communes. En sortant de notre système généralisateur pour nous placer sur le terrain de la liberté individuelle, nous conclurons donc que, quand l’État ne subventionne pas les écoles, il n’a pas droit de partir d’un principe absolu pour admission ou exclusion d’un personnel enseignant, qui serait élu après garanties morales et intellectuelles, examen et concours, par les intéressés, pères et mères de famille. Il paraît donc difficile, si ce n’est impossible de poser le principe général de l’enseignement primaire laïc. Mais la justice permît-elle de le poser sur le terrain du droit, il rencontrerait encore de nombreuses difficultés sur celui du fait, pour l’enseignement des femmes à qui le personnel manquerait presque complètement. Puis nombre d’établissements scolaires, orphelinats et ouvroirs, sont des legs faits à des congrégations religieuses ; d’autres, créés à mi-frais par elles et par les communes, représentent une solidarité de droits et de devoirs. La liberté de concurrence, objecte-t-on, est sauvegardée dès que les congrégations religieuses, libres d’ouvrir des écoles privées, ne sont exclues que de la direction des écoles publiques.

À ce sujet, il faut répéter encore que le principe de l’enseignement laïc paraît incontestable quand l’État dispense lui-même cet enseignement ; les localités assez populeuses pour que les écoles privées y prospèrent à côté de l’école publique, dès qu’elles seront investies du droit de choisir le maître de leurs enfants, séculariseront probablement aussi l’enseignement municipal, si elles trouvent des avantages dans cette sécularisation ; mais nous