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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

Si l’on ne peut ou ne veut créer des bourses nouvelles, il faudrait aussi avoir l’équité d’en faire un partage proportionnel au nombre et au mérite des aspirants sans acception de sexe[1]. Trois mille élèves pour quatre-vingts écoles forment une moyenne de quarante-cinq élèves par école. Parmi ces établissements, en est-il d’assez vastes pour en recevoir davantage ? Si oui, remplissons-les et laissons les locaux vides à la disposition des jeunes filles. Tous les maîtres ont-ils un nombre suffisant d’élèves ? Si non, ouvrons des cours spéciaux d’externat et n’ayons pas à la fois en ce cas dans la même localité deux établissements distincts pour concourir au même but[2].

Lors même que les écoles seraient au complet, elles peuvent encore ouvrir des cours spéciaux aux aspirantes institutrices, soit le soir, soit les jours de congé, dans ces localités où le cours normal n’offre qu’une instruction insuffisante à la femme qui pourrait facilement suivre un enseignement semblable à celui des aspirants instituteurs.

Ces externats permettraient à mainte jeune fille de faire ses études sans déplacement et sans frais et deviendraient une précieuse ressource pour celles que nous préparerions à des emplois comme ceux des Postes, de l’Enregistrement, de la Perception des impôts directs, de la Télégraphie, quand l’égalité sera conquise sur ce terrain par des examens et des concours communs aux aspirants et aux aspirantes.

Les aspirantes institutrices, douées du sens musical, pourraient aussi, comme le font certains instituteurs, se

  1. Espérons que la circulaire de M. le ministre de l’instruction publique a fait tout d’abord appliquer les bourses d’écoles normales aux jeunes filles.
  2. Ajaccio, Besançon, Lons-le-Saunier et Orléans ont à la fois une école normale d’instituteurs et d’institutrices. Une grande partie des cours normaux pour institutrices sont aussi situés dans les villes qui ont l’école normale d’instituteurs. Il est de fait qu’une inspection consciencieuse dans ces localités permettrait un meilleur emploi du personnel et du matériel destiné aux hommes seuls. Si l’on considère d’un côté ce qui serait à faire pour l’éducation de nos orphelins, de nos enfants trouvés, etc., pour la réforme d’écoles comme celles des boursières de Saint-Denis, on voit que la transformation presque complète de l’enseignement peut avoir lieu par voie administrative.