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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

de conduite, donnent cette décision et cette vigueur active qui créent la fermeté, l’énergie et la constance des caractères. L’enseignement mixte et l’externat concourent à réaliser cet idéal en laissant aux enfants une responsabilité qui naît de leur demi-liberté et en les mettant chaque jour aux prises avec les réalités de la vie ; ainsi tous prennent des habitudes physiques et morales qui doivent influer sur leur existence entière ; ainsi se fonde l’harmonie qui unit dans les mêmes sacrifices la chaîne ininterrompue des générations, en transmettant aux enfants les vertus des pères.

La nécessité d’isoler et de séquestrer jeunes gens et jeunes filles est évidente au contraire lorsque les idées sur le juste et l’utile différent selon le sexe et la profession ; lorsque chacun n’éclaire pas son jugement par les mêmes principes, parce que des institutions et des lois licencieuses permettent aux adultes de violer impunément les devoirs nécessaires au bonheur individuel et public qui résulte de l’ordre moral. Lorsque des lois et des institutions pernicieuses, une éducation étroite, se sont ainsi appliquées à enlever aux individus le soin de leur vie, en les exonérant des conséquences fâcheuses de leurs actes, on voit s’effacer progressivement les fondements des habitudes qui consistent à se respecter, à compter sur soi, à avoir de l’empire sur soi ; alors les talents et les caractères s’affaiblissent avec le sentiment de la liberté qui a sa racine dans l’idée du devoir social ; alors manque le but d’activité commune, et la société, sans règles immuables et certaines sur le droit et le devoir, sent que son influence est fatale pour la jeunesse. Mais dès qu’elle la repousse ainsi de son sein, elle la déclare par là même incapable de se diriger et la soumet par conséquent au joug de ce fatalisme moral, de cette nécessité impérieuse qui gouverne la brute. Les lois fixes et certaines qui commandent aux individus sans exercer une surveillance constante sur eux ; la conscience règle infaillible de la liberté faisant défaut, sont alors remplacées par une volonté arbitraire, par des caprices individuels, qui, souvent mal éclairés, défendent les actions une à