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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

et femmes perdent leurs aptitudes ou leurs qualités natives pour avoir partagé les mêmes mets à la même table.

L’harmonie du foyer, l’influence de la mère sur les enfants exigent en outre que l’époux et l’épouse reçoivent un développement intellectuel et moral identique ; et, pour les carrières professionnelles où l’on est admis après examens et concours, la fréquentation des mêmes écoles est indispensable. Dans des emplois comme ceux de la médecine surtout, une infériorité de connaissances pour la praticienne serait très-préjudiciable à tous. L’externat et les cours spéciaux dans les mêmes écoles permettent aussi de concilier les exigences professionnelles avec les aptitudes de chacun et, ainsi le prouve l’expérience des États-Unis surtout, l’enseignement mixte donne une émulation, qui élève le niveau, des études[1].



OBJECTIONS


Les femmes ne voteront pas, nous a-t-on dit hier ; les femmes voteront trop, nous dit-on aujourd’hui, car c’est ainsi qu’il faut traduire les terreurs que nous rencontrons à ce sujet, soit chez les ultra-réactionnaires, soit chez les ultra-libéraux.

Les premiers invoquent contre nous une loi naturelle et religieuse qui consacre à jamais notre incapacité native à distinguer le blanc du noir ; comme ils sont incorrigibles, je ne leur rappellerai même pas que les Anglais et les Américains ont tiré leurs arguments les plus convaincants en faveur de la femme de la loi naturelle et religieuse ; que selon ces peuples il y a harmonie aussi né-

  1. Voir le remarquable rapport de M. Hippean sur l’instruction aux États-Unis.