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iii

en présence de la nature, isolés, sobres d’expansion, et aspirent ces émanations pires et vierges qui donnent à l’âme tant de sève et tant de puissance. Alors, c’est chez l’homme une surabondance de vie et de sensations qui lui échappe, qui déborde spontanément, et il chante. S’il est illettré, il redit les chants qu’il a entendus, surtout ceux qui sont à l’unisson de son âme, ou bien quelquefois, emporté par cette plénitude de la pensée, il improvise à tue-tête, il se chante à lui-même, isolé, sur la route, dans la lande, les événements les plus simples. Alors, écoutez ce chant : au milieu des choses insignifiantes et naïves, tout à coup la poésie jaillit avec une explosion de sève, et vous êtes étonné de la fécondité intérieure de cet improvisateur qui trouve un idylle dans un fait inaperçu, qui trace une peinture saisissante des visages qu’il a rencontrés, et en fait une critique aussi fine que malicieuse. Tel et le Breton.

Si cette plénitude de sensations fait engendrer des œuvres remarquables déjà par l’intensité de l’idée et la candeur de l’expression à des hommes qui n’ont