à le caresser. Il y avait entre ces trois êtres une singulière union : ils formaient un monde à eux seuls, et certainement le bouleversement d’un empire n’eût pas autant touché les Savoyards que la perte de Jacques. Adrien raconta ses prouesses en lui ôtant son habit et son chapeau qu’il essuya proprement et serra sur une planche, le seul meuble de ce galetas ; ensuite il s’occupa de sa mère. Son trésor fut bien vite dépensé ; il veilla toute la nuit, assis sur un tas de paille, entre le singe qui dormait, et la vieille femme qu’une fièvre violente agitait de convulsions. Et comme il pleurait, le malheureux enfant de dix ans ! Il pleura tant que le sommeil vint à son secours ; sa tête retomba près de celle de Jacques. Bientôt, on n’entendit que les plaintes de la mère, qui ne les contenait pas depuis que son fils ne pouvait plus l’écouter. Heureux âge où les larmes amènent le repos, où la joie succède si promptement à la douleur ; nous ne sommes pas encore accoutumés à la terre, nos âmes conservent quelque chose des anges
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