Page:Dash - Un amour coupable.djvu/585

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oui, partis sans guide, égarés la nuit… une chute… le monde comprendra cela et n’en saura pas davantage. Mon Dieu, recevez mon âme !

En achevant ces mots, et avant que Daniel n’eût prévenu son dessein, il embrassa le corps de son rival, et, se donnant une forte secousse, il se précipita avec lui dans le précipice.

Daniel poussa un effroyable cri.

Il resta longtemps debout au bord de l’abîme, les regards en terre, cherchant en vain à découvrir le fond de ce gouffre immense.

— Pourquoi suis-je arrivé trop tard ? dit-il ; pourquoi, ayant suivi à son insu ce malheureux comte, l’ai-je quitté un seul instant ? il a eu raison, ce juge ; pour lui c’était le seul parti à prendre ; cet homme est mort comme il avait vécu : il a tout sacrifié à son intégrité de magistrat : sa femme d’abord et sa vie ensuite, tout pour sauver l’honneur. Je me tairai, je respecterai sa mémoire. Comme il l’a dit, le monde croira tout… Adieu donc mes espérances ! adieu ma patrie ! De quoi