Page:Dash - Un amour coupable.djvu/320

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ne le pardonna point. Ma mère s’était en vain trainée aux pieds de son mari pour obtenir sa grâce et le coupable, au contraire, la prit en haine, jura de se venger d’elle, persuadé qu’elle seule inspirait à mon père cette sévérité. Il connaissait l’habitation de son fils, il savait la passion de ma mère pour cet enfant, il résolut de le lui enlever, et, pour le faire, une nouvelle trame ne lui coûta pas. M. le prince de Conti lui avait conservé ses bontés en dépit de tout. Il avait éprouvé plus d’une fois le caractère chevaleresque et plein de bonté de ce prince : il lui écrivit, lui confia son secret, en donnant à Armand une mère imaginaire et morte : il peignit en traits de feu les persécutions dont le pauvre petit être serait entouré, maintenant qu’il ne pouvait plus le défendre, se posa comme un père au désespoir, et obtint de S. A. S qu’elle se chargerait de son avenir, et qu’elle ne révélerait jamais son existence à qui que ce fût. C’est alors que vous quittâtes vos protecteurs et que commença une nouvelle existence. On annonça votre mort à ma mère, pour ne pas avoir à rendre compte de votre disparition. Elle le crut, malgré de secrets pressentiments, de légers indices, et ne s’en consola jamais. Elle me laissa une lettre, par laquelle elle me suppliait de vous chercher, de faire ce que la crainte d’être découverte par mon père l’avait empêchée de faire. Votre ressemblance achevait de lui donner des soupçons.