Page:Dash - Un amour coupable.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses trois pas de retraite lui valurent des applaudissements répétés. Dans le moment du repos, il ne pouvait guère se dispenser d'adresser la parole à la duchesse. Il hésitait néanmoins.

— Ce jeune homme est trop timide, pensait-elle, il faut qu’il soit grandement malheureux ; c’est dommage !

— Combien la reine est bonne ! dit-il enfin.

— Oh ! oui, monsieur, répondit la duchesse, et plus vous la verrez, plus vous en serez convaincu. Ils ne trouvèrent rien de plus à se dire. Souvent, c’est parce qu’on aurait trop à parler. Après le menuet fini, la duchesse revint à sa place, près de sa sœur et de madame de Brionne, l’esprit très-occupé. Elle ne pouvait détourner les yeux de ce singulier inconnu, jeté comme une énigme au milieu d’une société où tous se savaient par cœur. Aurore l’interrogea sur leur conversation, presque aussi intriguée qu’elle.

— En vérité, ma chère, notre conversation n’en est pas une, répliqua la duchesse : nous avons échangé trois phrases d’almanach, quelque chose comme la pluie et le beau temps.

Au même instant, M. de Nareil, qu’elles ne voyaient pas, s’approcha de mademoiselle de Sainte-Même et lui fit la même invitation qu’à sa sœur. Elle fut acceptée, et la reine fit signe à la duchesse de s’asseoir à côté d’elle, à la place laissée vide par M. le prince de Conti.