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formes que de nuances, formaient une bigarrure agréable. Les intrigues se croisaient et prenaient bien vite un caractère personnel et intime, dans une réunion où tout le monde se connaissait. Les hommes, à très-peu d’exceptions près, portaient seulement un domino ouvert sur leur habit, et ces habits, brodés d’or, de perles fines, même de pierreries, étaient assez semblables pour laisser un peu de doute, un peu d’aliment à la curiosité. On gardait le masque : on devait le conserver jusqu’au souper, c’était une condition du bal. On dansait néanmoins les danses à la mode à cette époque : le menuet, quelques contre-danses et des courantes fort gracieuses et assez difficiles.

Parmi les hommes en costume, un surtout se faisait remarquer par sa grâce, son habileté même : il exécutait les pas les plus compliqués, et quelques voix murmuraient autour de la reine :

— En vérité, madame, c’est Vestris.

— Allons donc ! le diou de la danse daignerait descendre jusqu’à Trianon ! D’ailleurs, celui-là a la tête de plus que lui.

— Alors, c’est Vestr’Allard, son héritier, presque son émule.

— Ni l’un ni l’autre, mesdames, répliqua le comte de Vaudreuil : c’est tout simplement un des gardes-du-corps de Sa Majesté, auxquels la reine a daigné envoyer des invitations. Un de ses camarades, avec le-