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amené près de l’Antinoüs, et sa beauté ne pouvait rien craindre du voisinage.

— Voyez, Amaranthe, dit-elle à voix basse, le voilà encore.

— Ne vous montrez pas, Aurore, il pourrait vous reconnaître et supposer que vous vous occuper de lui.

— Qu’est-ce, ma fille ? demanda la marquise.

Le marquis venait de sortir.

— C’est l’homme qui nous a effrayées, ma mère ; il est là, dans le parterre.

— Je veux le voir ; il doit avoir une figure épouvantable.

— Épouvantable, madame ? s’écria Aurore en riant. Oh ! venez le regarder, et vous nous en direz votre avis.

La marquise s’approcha, en effet ; elle chercha la place désignée et n’eut pas plus tôt aperçu le jeune homme, qu’elle devint pale et tremblante. Ses enfants, occupées ailleurs, ne s’en doutèrent pas.

— Oui, il est beau ! dit-elle après quelques instants de silence ; il est beau, mais d’une de ces beautés fatales qui entraînent après elles le malheur et le crime. Je vois sur son front une marque terrible. Mes enfants, mes trésors, que Dieu écarte cet homme de votre route ; car, j’en ai le pressentiment, il vous serait funeste !

Les deux sœurs se rapprochèrent de leur mère et la tinrent embrassée ; inquiètes de son exaltation, dont