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SCÈNE VII

Toi, l’humble pécheresse, — parce que tu crois, —
Pour qu’au jour proche de ma mort sur une croix
Tu viennes m’apporter tous les péchés du monde !
Et ce n’est pas en vain qu’à la potence immonde
Un supplice infamant, comme prix du rachat
Des âmes, me clouera, dégouttant de crachat !
J’ai voulu cette lente et cruelle torture
Qui vaut aux hommes la rédemption future.
Pour que tu sois, — venant seule, après l’abandon
Des miens, devant la croix implorer ton pardon, —
La première, parmi toutes, mon épousée,
Et que mon sang, comme la grâce et la rosée
S’épande goutte à goutte sur ton jeune front
En larmes de douleur qui te baptiseront ;
Puis, la fin de ma vie humaine étant sonnée,
Que j’incline vers toi ma tête couronnée
D’épines, moi, le Roi-Sauveur de l’univers,
Et que je meure, en t’accueillant, les bras ouverts !