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Et maintenant, faut-il en vouloir à M. Darzens d’avoir osé arranger pour la scène une telle légende évangélique ? Je vis représenter un jour à la Gaîté une tragédie d’Euripide, traduite par M. Leconte de Lisle, où les dieux et les déesses faisaient leur apparition. J’avoue que, dans ce milieu et sous les costumes à peu près modernes, les Olympiens semblaient singulièrement déplacés et même ridicules. Mais ici, aucune ressemblance. Les divinités grecques ne sont que de pures abstractions, tandis que Jésus a réellement vécu et foulé cette terre. Si la légende l’a transfiguré, il n’en reste pas moins, par bien des côtés, par son corps et par ses discours fort humains, l’un de nos frères.

Que si l’on crie au scandale parce qu’un tel être, si proche du divin, et parce que la Magdeleine, tant aimée des siècles chrétiens, figurent sur un théâtre, que l’on se rappelle les Mystères du moyen âge. Sans doute, on les jouait parfois dans les églises, dans les longues cathédrales gothiques où