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divin ? Les amener à la réalité, ce serait les faire entrer dans le néant. Vapeurs dorées à forme humaine, ils disparaissent dès qu’on les touche et qu’on leur suppose une consistance et des passions charnelles.

En juif fidèle, Jésus chaque année quittait la terre arrosée, la verte Galilée, et s’acheminait, pour la Pâque, vers Jérusalem. Le pays était dans un état singulier et en proie au plus beau songe comme au plus dangereux qu’ait jamais fait l’esprit humain. Écrasé sous les éléphants d’Antiochus Épiphane, et plus tard sous le poids lourd des légionnaires romains, le Juif s’était mis à imaginer comme prochain l’avenir messianique. Toute une littérature distincte de la Bible, et que je ferai connaître un jour au public français, se forma autour de la grande espérance.

Un Roi-Messie, libérateur du peuple, devait naître bientôt et choisir, comme centre de sa puissance, Jérusalem, mais non pas cette Jérusalem semée de rudes pierres sur ses collines et dans ses rues, et qui, en son étroite enceinte, ne pouvait contenir qu’une poignée de fidèles. Détruite par ses enne-