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ILES DE CORAIL.

pour employer l’expression du capitaine Moresby, a une étendue considérable : 90 milles nautiques de diamètre dans une direction et 70 milles dans l’autre ; cet attol est très-curieux sous bien des rapports. Il résulte de ma théorie, que de nouveaux attols doivent, en règle générale, se former partout où il y a affaissement ; on aurait donc pu me faire deux objections fort graves : 1o que les attols doivent indéfiniment s’accroître en nombre ; 2o que, dans les endroits où l’affaissement se continue depuis longtemps, chaque attol séparé doit s’accroître indéfiniment en épaisseur. Les preuves que je viens de donner de la destruction accidentelle des coraux vivants répondent victorieusement à ces deux objections. Voilà, en quelques mots, l’histoire de ces grands anneaux de corail depuis leur origine, en passant par les changements qu’ils subissent, par les accidents qui peuvent interrompre leur existence, jusqu’à leur mort et à leur disparition finale.

Dans mon ouvrage sur les îles de corail, j’ai publié une carte sur laquelle j’ai fait colorier tous les attols en bleu foncé, les récifs barrières en bleu clair et les récifs bordures en rouge. Ces derniers récifs se sont formés pendant que le sol est resté stationnaire ou, s’il faut en croire la présence fréquente de restes organiques soulevés, pendant que le sol se soulevait lentement ; les attols et les récifs barrières, au contraire, se sont formés pendant un mouvement d’affaissement, mouvement qui a dû être fort graduel et, dans le cas des attols, assez considérable pour faire disparaître tous les sommets des montagnes sur un espace considérable. Or nous voyons, d’après cette carte, que les récifs teintés en bleu clair ou foncé, produits par le même ordre de mouvement, se trouvent, en règle générale, assez rapprochés les uns des autres. Nous remarquons, en outre, que les aires qui portent des traces des deux teintes bleues ont une étendue considérable et qu’elles sont situées fort loin des longues lignes de côtes colorées en rouge. Ces deux circonstances découlent naturellement d’une théorie qui attribue la formation des récifs à la nature des mouvements de la croûte terrestre. Il est bon de remarquer que, presque partout où des cercles isolés rouges et bleus se rapprochent les uns des autres, je puis prouver qu’il y a eu des oscillations de niveau ; car, dans ce cas, les cercles rouges représentent des attols formés originellement pendant un mouvement d’affaissement, mais qui depuis, ont été soulevés ; d’autre part, quelques-