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NOUVELLE-ZÉLANDE.

quatrième, à l’ancre dans un port sauvage de la péninsule de Tres Montes ; la cinquième ici ; nous célébrerons la prochaine, je l’espère, en Angleterre. Nous assistons à l’office divin dans la chapelle de Pahia ; partie du service se fait en anglais, partie en langue indigène. Pendant notre séjour à la Nouvelle-Zélande nous n’avons pas entendu parler d’actes récents de cannibalisme ; cependant M. Stokes a trouvé des ossements humains calcinés, épars auprès d’un foyer, sur une petite île près de l’endroit où notre vaisseau est à l’ancre. Mais les restes de cet excellent banquet étaient peut-être là depuis plusieurs années. Il est probable que la moralité du peuple va s’améliorer rapidement. M. Bushby rapporte un fait plaisant comme preuve de la sincérité de quelques-uns tout au moins des indigènes qui se sont convertis au christianisme. Un de ces jeunes gens, qui lisait ordinairement les prières aux autres domestiques, vint à le quitter. Quelques semaines après il eut l’occasion de passer assez tard dans la soirée auprès d’une maison isolée et il aperçut ce jeune homme qui, à la lueur du feu, lisait la Bible à quelques individus qu’il avait réunis autour de lui. Quand la lecture fut finie, ils s’agenouillèrent tous pour prier et citèrent dans leurs prières M. Bushby, sa famille et tous les missionnaires du district.

26 décembre. — M. Bushby nous offre, à M. Sulivan et à moi, de nous faire remonter dans son canot quelques milles de la rivière Cawa-Cawa ; il se propose ensuite de nous conduire au village de Waiomio, où se trouvent quelques rochers curieux. Nous remontons un des bras de la baie ; le paysage est fort joli ; nous continuons notre course en bateau jusqu’à ce que nous arrivions à un village au delà duquel la rivière n’est plus navigable. Un chef de ce village et quelques hommes sortent pour nous accompagner jusqu’à Waiomio, situé à une distance de 4 milles. Ce chef était quelque peu célèbre à cette époque, parce qu’il venait de pendre une de ses femmes et un de ses esclaves coupables d’adultère. Un des missionnaires lui fit quelques remontrances à ce sujet ; il en parut tout surpris et lui répondit qu’il croyait suivre absolument la méthode anglaise. Le vieux Shongi, qui se trouvait en Angleterre pendant le procès de la reine, ne manquait jamais de dire, quand on lui en parlait, combien il désapprouvait cette manière de faire. « J’ai cinq femmes, disait-il, et j’aimerais mieux leur couper la tête à elles toutes que de me soumettre à de tels embarras à propos d’une seule. »

Après nous être reposés quelque temps dans ce village, nous