Page:Darwin - Voyage d’un naturaliste autour du monde, trad. Barbier, 1875.djvu/393

Cette page a été validée par deux contributeurs.
377
PLUIES ET TREMBLEMENTS DE TERRE.

Pérou inférieur de nier qu’il existe un rapport entre ces phénomènes ; cependant, dans une autre partie du même ouvrage, il semble ne pas attacher beaucoup d’importance à ce rapport. On dit qu’à Guayaquil un tremblement de terre se produit invariablement après une forte ondée pendant la saison sèche. Dans le Chili septentrional, il pleut très-rarement ; il est même rare que le temps se mette à la pluie ; semblables coïncidences ne peuvent donc pas se remarquer beaucoup ; les habitants sont cependant convaincus qu’il existe un certain rapport entre l’état de l’atmosphère et le tremblement du sol. Une remarque faite devant moi à Copiapó m’a absolument convaincu que telle est l’opinion des habitants. Je venais de dire qu’il y avait eu un tremblement de terre assez violent à Coquimbo. — « Comme ils sont heureux ! me répondit-on immédiatement ; ils auront cette année beaucoup de pâturages. » Pour eux, un tremblement de terre annonçait aussi sûrement la pluie, que la pluie annonçait de nombreux pâturages. Or, le jour même du choc, tomba, en effet, l’averse dont j’ai parlé, et qui, en dix jours, fit surgir l’herbe de toutes parts. À d’autres époques, la pluie a suivi des tremblements de terre pendant une saison de l’année où la pluie est un véritable prodige. Cela est arrivé après le tremblement de terre de 1822, puis en 1829 à Valparaiso, et enfin après celui de septembre 1833 à Tacna. Il faut être quelque peu habitué au climat de ces pays pour pouvoir comprendre combien il est improbable qu’il pleuve pendant ces saisons, à moins que quelque agent, en dehors du cours ordinaire des choses, n’agisse tout à coup. Quand il s’agit de grandes éruptions volcaniques, comme celle de Coseguina, où des torrents de pluie tombèrent à une époque de l’année pendant laquelle il ne pleut jamais et où ces ondées constituèrent « un phénomène sans précédent dans l’Amérique centrale, » on comprend assez facilement que les vapeurs et les cendres échappées du volcan aient pu troubler l’équilibre de l’atmosphère. Humboldt applique ce même raisonnement aux tremblements de terre qui ne sont pas accompagnés par des éruptions ; mais j’avoue qu’il me semble difficile d’admettre que les petites quantités de fluides aériformes, qui s’échappent alors des fissures du sol, puissent produire des effets aussi remarquables. L’explication proposée par M. P. Scrope me paraît beaucoup plus probable. Selon M. Scrope, alors que la colonne de mercure est peu élevée et que l’on pourrait, par conséquent, s’attendre à de la pluie, la pression moindre de l’atmosphère sur une