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CHILI SEPTENTRIONAL.

de poster des soldats aux écluses pour veiller à ce que chacun ne prenne que ce qui doit lui revenir. La vallée contient, dit-on, 12 000 habitants, mais le produit des cultures ne suffit guère à les nourrir que pendant trois mois de l’année ; on fait venir les approvisionnements nécessaires de Valparaiso et du sud. Avant la découverte des fameuses mines d’argent de Chanuncillo, la ville de Copiapó, qui, chaque jour, devenait plus misérable, tendait à disparaître ; mais elle est aujourd’hui très-florissante et elle a été reconstruite après un tremblement de terre qui l’avait renversée.

La vallée de Copiapó, simple ruban vert au milieu d’un désert, s’étend dans la direction du sud ; elle a donc une longueur considérable. On pourrait comparer la vallée de Guasco et celle de Copiapó à des îles étroites séparées du reste du Chili par des déserts de rochers au lieu d’eau salée. Au nord de ces vallées, il n’en existe plus qu’une fort misérable d’ailleurs et qui contient environ 200 habitants, c’est la vallée de Paposo. Puis vient le grand désert d’Atacuma, barrière plus infranchissable que la mer la plus terrible. Je passe quelques jours à Potrero Seco, puis je remonte la vallée jusqu’à l’habitation de don Benito Cruz, pour lequel j’ai une lettre de recommandation. Il me reçoit de la façon la plus hospitalière ; il est d’ailleurs impossible de ne pas reconnaître l’extrême obligeance que trouvent les voyageurs dans presque toutes les parties de l’Amérique méridionale. Le lendemain, je me procure quelques mules pour aller visiter le ravin de Jolquera dans la Cordillère centrale. Le second jour de cette excursion, le temps semble se gâter et nous menacer d’un orage de pluie ou de neige ; pendant la nuit, nous ressentons un léger choc de tremblement de terre.

On a souvent mis en doute la relation qui existe entre le temps et les tremblements de terre ; c’est là, selon moi, un point qui présente beaucoup d’intérêt et que l’on connaît peu. Humboldt a fait remarquer dans une partie de ses Mémoires[1] qu’il serait difficile à quiconque aurait habité longtemps la Nouvelle-Andalousie ou le

  1. Vol. IV, p. 11, et vol. II, p. 217. Voir Silliman, Journal, vol. XXIV, p. 384, sur Guayaquil. Pour les remarques sur Tacna, par M. Hamilton, voir Transact. of British Association, 1840. Pour celles sur Coseguina, voir le mémoire de M. Caldcleugh, dans Phil. Trans., 1835. Dans la première édition de cet ouvrage, j’ai recueilli et indiqué plusieurs données sur les coïncidences entre les chutes soudaines du baromètre et les tremblements de terre et entre les météores et les tremblements de terre.