Page:Darwin - Voyage d’un naturaliste autour du monde, trad. Barbier, 1875.djvu/281

Cette page a été validée par deux contributeurs.
265
LES GLACIERS.

tremblements de terre font quelquefois tomber d’immenses masses de terre du haut des falaises ; quel ne serait donc pas le terrible effet d’un violent tremblement de terre (et il s’en produit dans ces parages[1]) sur une masse comme celle d’un glacier, masse déjà en mouvement et traversée par de nombreuses fissures ! Je suis tout disposé à croire que l’eau serait chassée du détroit le plus profond, pour revenir un instant après avec une force si effroyable, qu’elle entraînerait comme autant de fétus de paille les blocs de rochers les plus considérables. Dans le détroit d’Eyre, sous une latitude correspondant à celle de Paris, il y a d’immenses glaciers, et cependant la montagne voisine la plus élevée n’atteint que 6200 pieds (1860 mètres) de hauteur.

On a vu dans ce détroit environ cinquante montagnes de glace se dirigeant en même temps vers la mer, et l’une d’elles devait avoir au moins 168 pieds (50m, 50) de hauteur totale. Quelques-unes de ces montagnes de glace portaient des blocs assez considérables de granit et d’autres rocs différents de l’argile schisteuse qui compose les montagnes environnantes.

Le glacier le plus éloigné du pôle qu’on ait eu occasion d’observer pendant les voyages de l’Adventure et du Beagle, se trouvait

  1. Bulkeley et Cummin, Faithful Narrative of the loss of the Wager. Le tremblement de terre se produisit le 23 août 1741.