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pas de pins, près de galeries dont on avait enlevé les tampons. Avec des feuilles de la sorte, il eût été tout aussi facile de les faire entrer dans les galeries par l’un des bouts que par l’autre ; et m’appuyant sur l’analogie et plus spécialement sur une observation que je vais rapporter tout à l’heure sur la Clematis montana, je m’attendais à ce que le sommet serait pris de préférence. Il n’en fut rien ; des 121 feuilles dont les sommets étaient collés, et qui furent traînées à l’intérieur des galeries, 108 le furent par la base et seulement 13 par le sommet. Pensant que peut-être les vers reconnaissaient l’odeur ou le goût de la colle-forte et qu’ils ne l’aimaient pas, quelque improbable que fût cette supposition, surtout après que les feuilles étaient restées à l’air pendant plusieurs nuits, je liai ensemble avec du fil fin les sommets des aiguilles de beaucoup de feuilles. Des feuilles traitées de la sorte, 150 furent entraînées dans les galeries, 123 par la base et 27 par les sommets liés ensemble ; de sorte que de quatre à cinq fois autant furent rentrées par la base que par le sommet. Il se peut que les extrémités coupées court du fil avec lequel les feuilles étaient liées, aient tenté les vers à les traîner en proportion plus considérable par le sommet que lorsque de la colle était employée. En prenant ensemble les feuilles réunies par le sommet soit par ligature soit par l’usage de la colle (271 en tout), 85 pour cent du tout furent traînées par la base et 15 pour cent par le sommet. Nous pouvons donc conclure que ce n’est pas la divergence de deux aiguilles de pin qui conduit les vers à l’état de nature