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l’autre feuille adhéraient ensemble. D’autres feuilles de pin furent données à des vers tenus dans des pots dans une chambre chaude, et ici le résultat fut différent ; car, de 42 feuilles traînées dans les galeries, jusqu’à 16 le furent par le sommet des feuilles. Mais ces vers travaillaient d’une façon négligente et désordonnée ; car souvent les feuilles n’étaient transportées qu’à une petite profondeur ; parfois elles étaient purement amoncelées au-dessus de l’ouverture des galeries, et quelquefois aucune n’était poussée à l’intérieur. Je pense que cette insouciance peut s’expliquer par le fait de la chaleur de l’air, les vers ne s’inquiétant guère, en ce cas, de boucher leurs trous d’une façon efficace. Des pots habités par des vers et couverts d’un réseau permettant l’entrée de l’air froid furent laissés à l’air libre plusieurs nuits de suite, et alors 72 feuilles furent toutes rentrées convenablement par la base.

Des faits signalés jusqu’ici, on pourrait peut-être conclure que les vers se font d’une manière quelconque une idée générale de la forme ou de la structure des feuilles de pin, et reconnaissent qu’il leur faut les prendre par la base, là où les deux aiguilles se joignent. Mais c’est là une supposition que les observations qui vont suivre rendent plus que douteuse. Les sommets d’un grand nombre de feuilles de P. austriaca furent collés ensemble avec une dissolution alcoolique de colle-forte et on les conserva plusieurs jours, jusqu’à ce qu’ils eussent, à ce que je pense, perdu toute espèce de goût ou d’odeur ; elles furent alors éparpillées sur le sol là où ne poussaient