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avec les sommets aciculaires en partie enfoncés dans une galerie, comment était-elle venue dans cette position ? c’est ce que nous n’avions pas vu ; alors le ver se redressa et saisit la base, qui fut traînée dans l’ouverture de la galerie en ployant la feuille entière. Dans deux cas, un ver avait saisi la base d’une feuille, il la laissa de nouveau aller pour une raison inconnue.

Comme nous l’avons déjà fait observer, l’habitude de boucher l’ouverture des galeries avec différents objets est, à n’en pas douter, instinctive chez les vers ; un animal très jeune, né dans un de mes pots, traîna à une certaine distance une feuille de pin sauvage, dont l’une des feuilles était aussi longue et presque aussi épaisse que son propre corps. Aucune espèce de pin n’est indigène dans cette partie-ci de l’Angleterre, il est donc impossible de croire que la manière convenable de faire entrer dans les galeries les feuilles de pin soit instinctive chez nos vers. Mais les vers sur lesquels furent faites les observations précédentes avaient été déterrés de dessous des pins ou de près de ces arbres plantés là depuis à peu près quarante ans, et il était à désirer qu’on prouvât que leurs actions n’étaient pas instinctives. En conséquence, on éparpilla des feuilles de pin sur le sol à une grande distance de toute espèce de pin, et 90 de ces feuilles furent traînées dans les galeries par la base. Deux seulement furent traînées par le sommet des feuilles, et ce n’étaient pas là des exceptions véritables, car l’une ne fut traînée qu’à une distance très petite, et les deux aiguilles de