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milieu. Cela seul est presque suffisant à montrer que le hasard ne détermine pas la façon dont les feuilles sont passées dans les galeries.

Des 227 feuilles indiquées plus haut, 70 consistaient en feuilles tombées du tilleul commun, qui certainement n’est pas natif d’Angleterre. Ces feuilles sont fort aiguës vers le haut, et très larges à la base avec un pétiole bien développé. Elles sont minces et tout à fait flexibles quand elles sont à demi fanées. De ces 70 feuilles, 79 pour cent avaient été rentrées par le sommet ou par un point rapproché, 4 pour cent par la base ou près d’elle, et 17 pour cent en travers ou par le milieu. Ces proportions concordent de très près, quant à ce qui concerne le sommet, avec celles données auparavant. Mais la proportion de celles rentrées par la base est moindre, ce qu’on peut rapporter à la largeur de la partie basilaire de la feuille. Nous voyons donc ici que la présence d’un pétiole n’a que peu ou point d’influence sur la détermination de la façon dont les feuilles de tilleul sont poussées dans les galeries, et cependant on aurait pu s’attendre à ce que ce pétiole tentât les vers comme un manche commode à saisir. La proportion considérable de feuilles rentrées plus ou moins en travers, 17 pour cent, dépend à n’en pas douter de la flexibilité de ces feuilles à demi décomposées. Le fait qu’un si grand nombre ont été rentrées par le milieu, et qu’un petit nombre ont été rentrées par la base, rend improbable la supposition que les vers aient d’abord essayé de rentrer la plupart des feuilles par l’une de ces méthodes ou par les deux, et