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instinctive chez les vers, ce n’était pourtant pas l’instinct qui pût leur dire comment agir dans le cas de feuilles sur le compte duquel leurs parents ne savaient rien. Si, en outre, les vers agissaient purement par instinct ou par une impulsion invariable et transmise par l’hérédité, ils pousseraient toutes les espèces de feuilles de la même manière dans leurs galeries. S’ils n’ont pas d’instinct ainsi défini, nous pourrions nous attendre à ce que le hasard déterminât si c’est la pointe, la base ou le milieu qui est saisi. Ces deux alternatives exclues, il ne reste que l’intelligence ; à moins que, dans chaque cas, le ver n’essaie d’abord beaucoup de méthodes différentes, et ne suive la seule qui se montre possible ou celle qui parait la plus commode ; mais agir de la sorte et essayer différentes méthodes, c’est s’approcher fort de l’intelligence.

Dans un premier cas, 227 feuilles fanées de diverses espèces de plantes, anglaises pour la plupart, furent retirées de galeries de vers en plusieurs endroits. Parmi elles, 181 avaient été rentrées dans les galeries par la pointe ou près d’elle, de sorte que le pétiole faisait saillie à peu près verticalement de l’ouverture de la galerie ; 20 avaient été enfoncées par la base, et dans ce cas c’étaient leurs pointes qui faisaient saillie hors des galeries ; et 26 avaient été saisies près du milieu, de sorte qu’elles avaient été entraînées en travers et étaient fort chiffonnées. Ainsi 80 pour cent (pour prendre toujours le chiffre rond le plus voisin) avaient été rentrées par la pointe, 9 pour cent par la base ou pétiole, et 11 pour cent en travers ou par le