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peut voir de nombreuses galeries ouvertes sur un sol récemment remué, car dans ce cas les vers déposent leurs éjections dans les cavités laissées dans le sol, ou dans les anciennes galeries, au lieu de les empiler sur l’ouverture de leurs galeries, et ils ne peuvent pas amasser à la surface des objets pour protéger l’ouverture. De plus, dans le sol d’une villa romaine que l’on vient de déblayer à Abinger (il s’en trouvera une description ci-après), les vers ouvraient leurs galeries constamment presque toutes les nuits, quand celles-ci avaient été fermées sous les pas, bien qu’ils trouvassent rarement quelques petites pierres pour les protéger.

Intelligence déployée par les vers dans la manière dont ils bouchent leurs galeries. — Si un homme avait à boucher un petit trou cylindrique avec des objets tels que des feuilles, des pétioles ou des rameaux, il les y traînerait ou les pousserait dedans par leur extrémité pointue ; mais si ces objets étaient très minces relativement aux proportions du trou, il est probable qu’il en ferait entrer quelques-uns par leur extrémité plus épaisse ou plus large. Ce qui le guiderait dans ce cas, ce serait l’intelligence. Il semblait dès lors qu’il valût la peine d’observer avec soin comment les vers poussaient les feuilles dans leurs galeries ; si c’était par la pointe, par la base ou par la partie moyenne. Mais c’est tout spécialement pour le cas de plantes étrangères à notre pays qu’il semblait désirable de déterminer ce point ; car bien que l’habitude de pousser les feuilles dans leurs galeries soit à n’en pas douter