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bordures de gazon, perpendiculaires sur les allées de gravier, l’eau ne pouvait guère entrer dans ces galeries et elles étaient bouchées tout comme les galeries sur une surface plane. Les piles de pierres et les tampons peuvent-ils aider à dérober les galeries à la vue des scolopendres, les ennemis les plus acharnés des vers, d’après Hoffmeister[1]. Ou bien n’est-il pas possible qu’ainsi protégés, les vers soient en état de rester en sûreté, la tête tout près de l’ouverture de leurs galeries, ce qu’ils aiment à faire, comme on sait, mais ce qui coûte la vie à tant de leurs confrères ? Ou bien encore ne se peut-il pas que les tampons empêchent le libre accès de la couche la plus inférieure de l’air, quand cet air venant du sol et de l’herbe d’alentour se refroidit par radiation la nuit. Je suis porté à me ranger à cette dernière manière de voir, et mes raisons sont que, d’abord quand les vers étaient tenus dans des pots dans une chambre chauffée, cas auquel il n’y avait pas d’air qui entrât dans les galeries, ils les tamponnaient d’une façon négligente ; et ensuite, qu’ils garnissent souvent de feuilles les parois de la partie supérieure de leurs galeries, pour empêcher, ce semble, leur corps de venir en contact direct avec la terre froide et humide. Mais l’opération du tamponnement sert peut-être à tout cela à la fois.

Quel que soit leur motif, les vers paraissent avoir une répugnance prononcée à laisser ouverte l’ouverture de leurs galeries. Néanmoins ils les rouvrent la nuit, qu’ils puissent ou non les refermer ensuite. On

  1. Familie der Regenwürmer, p. 19.