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feuilles ainsi rentrées avec de la terre humide visqueuse qu’ils rejettent de leur corps ; et par là l’ouverture des galeries est bouchée d’une façon sûre. On peut voir des centaines de ces galeries bouchées en beaucoup d’endroits, surtout pendant les mois d’automne et les premiers mois d’hiver. D’ailleurs, comme je le montrerai ci-après, les feuilles sont traînées dans les galeries non seulement pour les boucher et pour servir de nourriture, mais encore pour garnir à l’intérieur la partie supérieure de l’ouverture.

Quand les vers ne peuvent pas se procurer des feuilles, des pétioles, des petits bâtons, etc., pour boucher l’ouverture de leur galerie, souvent ils les garnissent de petits tas de pierres ; et on peut voir fréquemment de ces tas de cailloux lisses et arrondis dans les allées de gravier. Ici il ne peut pas être question de nourriture. Une dame, qui s’intéressait aux habitudes des vers, enleva de l’ouverture de plusieurs galeries les petits tas de pierres et en débarrassa la surface du sol sur une étendue de quelques pouces tout autour. La nuit suivante, elle sortit avec une lanterne et vit les vers, la queue fixée dans leur galerie, pousser les pierres vers l’intérieur à l’aide de leur bouche, et sans doute par succion. « Deux nuits après, quelques-uns des trous avaient 8 à 9 petites pierres au-dessus d’eux ; après un intervalle de quatre nuits, l’un avait environ 30 pierres, et un autre 34[1]. » Une pierre qui avait été poussée d’un côté

  1. Son observation est rapportée dans le Gardeners Chronicle, 28 mars, 1868, p. 324.