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Les bords de feuilles fraîches ou presque fraîches fixées au sol furent souvent grignotées par les vers ; et quelquefois l’épiderme et tout le parenchyme était ainsi enlevé d’un côté sur une étendue considérable, l’épiderme restant seul de l’autre côté tout à fait dépouillé. Jamais les nervures n’étaient attaquées et les feuilles étaient parfois converties ainsi en partie en squelette. Les vers n’ayant pas de dents et leur bouche consistant en un tissu très mou, il est permis de supposer que c’est par le moyen de la succion qu’ils consomment les bords et le parenchyme des feuilles fraîches, après les avoir ramollies par leur suc digestif. Ils ne peuvent pas entamer des feuilles aussi fortes que celles du chou marin ou les grandes et épaisses feuilles du lierre ; et pourtant l’une de ces dernières, après s’être pourrie, fut réduite en partie à l’état de squelette.

Les vers saisissent des feuilles et d’autres objets, non-seulement pour s’en servir comme de nourriture, mais aussi pour boucher l’ouverture de leurs galeries ; et c’est là un de leurs instincts les plus puissants. Les feuilles et les pétioles de beaucoup d’espèces, quelques pédoncules de fleurs, souvent des rameaux vermoulus d’arbres, des morceaux de papier, des plumes, des flocons de laine et des crins de cheval sont, dans ce but, convoyés par eux dans leurs galeries. J’ai vu jusqu’à dix-sept pétioles d’une espèce de clématite saillant hors de l’ouverture d’une seule galerie, et dix de celle d’une autre. Quelques-uns de ces objets, tels que les pétioles que je viens de mentionner, les plumes, etc., ne sont jamais rongés par les vers. Dans une allée cou-