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temps, comme le remarque Perrier, poussé en avant en dedans du corps, de manière à fournir à la lèvre supérieure un point d’appui. Dans le cas d’objets larges et plats, ils s’y prenaient d’une façon toute différente. Ils amenaient d’abord au contact de l’objet allongé, l’extrémité antérieure en pointe de leur corps, puis la retiraient à l’intérieur des anneaux adjacents, de façon qu’elle paraissait tronquée et devenait aussi épaisse que le reste du corps. On pouvait alors voir cette partie gonfler un peu, ce qui est dû, je pense, à un léger déplacement du pharynx vers l’avant. Puis par un faible retrait ou une faible expansion du pharynx, il se produisait un vide au-dessous de l’extrémité du corps tronquée et visqueuse en contact avec l’objet ; et par là les deux adhéraient fermement l’un à l’autre[1]. Que dans ces circonstances il y avait un vide de produit, c’est ce qu’on vit bien nettement dans un cas où un gros ver gisant sous une feuille de chou flasque essaya de l’entraîner ; car la surface de la feuille directement au-dessus de l’extrémité du corps du ver se creusa profondément. Dans un autre cas, un ver attaché sur une feuille plane lâcha soudainement prise et pendant un moment on vit l’extrémité antérieure de son corps formée en coupe. Les vers peuvent s’attacher de la même manière à un objet sous l’eau ; et j’en ai vu un une fois entraîner ainsi une tranche submergée de bulbe d’oignon.

  1. Claparède remarque Zeitschrift für wissenschaftl. Zool. Vol. 19, 1869, p. 602, que le pharynx paraît par sa structure bien adapté à la succion.