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concentrée par une lentille et traversant une plaque de verre d’épaisseur suffisante pour intercepter la plupart des rayons calorifiques, causait en général une retraite beaucoup plus rapide que ne le faisait le tison rougi. Les vers sont sensibles à une température très basse, comme on peut le conclure du fait qu’ils ne sortent pas de leurs galeries pendant qu’il gèle.

Les vers sont dépourvus du sens de l’ouïe. Ils ne remarquaient pas du tout les sons perçants d’un sifflet de métal lancés à plusieurs reprises près d’eux, pas plus que les sons les plus graves et les plus forts d’un basson. Ils étaient insensibles aux cris, pourvu qu’on eût soin que l’haleine ne les touchât pas. Placés sur une table tout près des cordes d’un piano dont on jouait aussi fort que possible, ils restaient parfaitement tranquilles.

Bien qu’insensibles aux ondulations de l’air qui sont perceptibles pour nous, ils sont extrêmement sensibles aux vibrations d’un corps solide quelconque. Deux vers contenus dans des pots étaient restés tout à fait insensibles au son d’un piano ; on plaça les pots sur l’instrument, et dès qu’on toucha la note C de la clef de basse, tous deux se retirèrent à l’instant dans leur galerie. Quelque temps après, ils sortirent, et quand le G au-dessus de la ligne dans la clef de sol résonna, ils se retirèrent de nouveau. Dans des circonstances semblables, l’un des vers se sauva vite dans sa galerie une autre nuit, au son d’une seule note très élevée, et l’autre ver quand on toucha le C de la clef de sol. En ces occasions, les vers ne touchaient pas aux parois des