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Quand un ver subitement éclairé se précipite comme un lapin dans son trou, pour me servir de l’expression employée par un de mes amis, nous sommes tout d’abord amenés à considérer cela comme une action réflexe. L’irritation des ganglions cérébraux parait faire contracter d’une manière inévitable certains muscles, sans que l’animal le veuille ou en ait conscience, comme si c’était un automate. Mais ce qui s’oppose à ce qu’on regarde la retraite subite comme une simple action réflexe, c’est la différence d’effet produite par une même lumière en différents cas et tout spécialement c’est ce fait qu’un ver occupé d’une façon quelconque et dans les intervalles de cette occupation, quels que soient les muscles ou les ganglions mis en jeu par lui, ne fait souvent pas attention à la lumière. Chez les animaux supérieurs, quand l’attention se concentre sur quelque objet jusqu’à faire négliger les impressions que d’autres objets doivent produire sur eux, nous attribuons cela à ce que leur attention est absorbée, et l’attention implique la présence d’une âme. Tous les chasseurs savent que, pendant que le gibier paît, se bat ou est empressé auprès de l’autre sexe, il est beaucoup plus aisé de s’en approcher. L’état du système nerveux des animaux supérieurs diffère donc beaucoup en des temps différents ; un cheval, par exemple, est beaucoup plus disposé à s’effrayer à un moment qu’à un autre. La comparaison que ceci implique entre les actions d’un animal supérieur et d’un autre placé aussi bas que le ver de terre dans l’échelle des êtres organisés, pourra paraître forcée ; car