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bien que ce soient des animaux extrêmement timides. D’autres personnes n’ont pas trouvé de difficulté à observer les vers la nuit par le même moyen[1].

Hoffmeister cependant dit[2] qu’à l’exception de quelques individus, les vers sont extrêmement sensibles à la lumière ; mais il admet que, dans la plupart des cas, il faut à la lumière un certain temps pour agir. Ces indications m’amenèrent à observer un grand nombre de nuits de suite des vers tenus dans des pots ; ceux-ci étaient protégés contre les courants d’air par des plaques de verre. On approchait des pots très doucement, pour ne pas causer de vibrations dans le sol. En faisant, dans ces conditions, tomber sur les animaux la lumière d’une lanterne à coulisses de verre rouge foncé et bleu, les coulisses interceptant la lumière au point qu’on avait quelque peine à voir les animaux, ceux-ci ne furent nullement affectés par cette quantité de lumière, quelque prolongée que fût leur exposition à cet agent. La lumière était, autant que je pouvais en juger, plus vive que celle de la pleine lune. La couleur ne semble apporter aucune différence dans le résultat. Éclairait-on les vers avec une chandelle, ou même à la lumière claire d’une lampe à pétrole, ils n’en étaient pas d’ordinaire affectés tout d’abord. Ils ne l’étaient pas davantage quand on laissait passer et interceptait alternativement la lumière. Quelquefois ce-

  1. M. Bridgmann et M. Newmann (The Zoologist, v. VII. 1849. p. 2576) par exemple, et quelques amis qui ont observé les vers pour moi.
  2. Familie der Regenwürmer, 1845, p. 18. (Famille des lombrics).