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tre en pièces[1]. Pendant le jour ils restent dans leur galerie, excepté à l’époque de l’accouplement ; alors ceux qui habitent des galeries adjacentes mettent à découvert la plus grande partie de leur corps pendant une heure ou deux, de bon matin. Il faut aussi excepter de cette règle les malades, dans lesquels vit généralement en parasite une larve de diptère ; les individus se trouvant dans ce cas errent de côté et d’autre pendant le jour et meurent à la surface du sol. Lorsque de fortes pluies l’ont suite à la sécheresse, on voit parfois gisant sur le sol un nombre étonnant de vers morts. M. Galton me communique qu’en un cas de ce genre (mars 1881), les vers morts se trouvaient dans la proportion d’un par deux pas et demi en long, quatre pas en large, dans une promenade faite au Hyde Park. Il compta jusqu’à 45 vers morts dans une seule place sur une longueur de seize pas. À juger d’après les faits qui précèdent, il n’est pas probable que ces vers aient été noyés ; s’ils l’avaient été, ils auraient péri dans leurs galeries. Je crois qu’ils étaient déjà malades, et que leur mort a été simplement hâtée par l’inondation du sol.

On a souvent dit que, dans les circonstances ordinaires, il est rare ou il n’arrive jamais que les vers bien portants quittent tout à fait leur galerie la nuit ; mais c’est là une erreur, comme White de Selborne le savait il y a longtemps déjà. Le matin, lorsqu’il y a eu une forte pluie, la pellicule de boue ou de sable très fin recouvrant les allées sablées montre souvent leurs vestiges d’une façon bien nette. C’est ce que j’ai observé

  1. Morren, De Lumbrici terrestri, etc. 1829, p. 67.