Page:Darwin - Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dr Mac Intosh a pourtant trouvé des éjections de vers à une hauteur de 1,500 pieds sur le Shiehallion en Écosse. Ils sont communs sur quelques collines près de Turin à une hauteur de 2,000 à 3,000 pieds au-dessus du niveau de la mer, et à une grande altitude sur les monts Nilgiri, dans le sud des Indes et sur l’Himalaya.

Les vers de terre doivent être regardés comme des animaux terrestres, bien qu’ils soient encore dans un certain sens à demi aquatiques, comme les autres membres de la grande classe des annélides à laquelle ils appartiennent. M. Perrier a trouvé que l’exposition à l’air sec d’une chambre pendant une seule nuit leur était fatale. D’autre part, il a conservé vivants pendant près de quatre mois plusieurs grands vers complètement submergés dans l’eau[1]. Pendant l’été, quand le sol est sec, ils pénètrent à une profondeur considérable et cessent de travailler, comme ils le font aussi pendant l’hiver, quand le sol est gelé. Les vers ont des habitudes nocturnes, et la nuit on peut les voir ramper de tous côtés en grand nombre, mais d’ordinaire ils restent encore plongés par leur portion caudale dans leur galerie. L’expansion de cette partie de leur corps et les soies courtes, légèrement recourbées dont il est armé, leur permettent de s’accrocher si ferme qu’il est rare qu’on réussisse à les tirer hors de terre sans les met-

  1. J’aurai souvent l’occasion de renvoyer à l’admirable mémoire de M. Perrier sur l’« Organisation des Lombriciens terrestres », qui a paru dans les Archives de Zoolog. expér., t. III, 1874, p. 372. C. F. Morren (De Lumbrici terrestri, 1829, p. 14) a trouvé que des vers supportaient l’immersion en été de quinze à vingt jours. mais qu’en hiver ils mouraient dès qu’on les y soumettait.