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pieds des sentiers gazonnés, et là leurs éjections se trouvaient parmi la terre de bruyère ; mais au-delà de cette limite, on ne pouvait pas trouver une seule éjection. Une couche, toute mince qu’elle soit, de terre fine retenant probablement longtemps quelque humidité, est, en tous cas, à mon avis, nécessaire à leur existence ; la simple compression du sol parait les favoriser jusqu’à un certain point, car ils abondent souvent dans de vieux chemins battus par les piétons et dans les sentiers à travers champs.

Sous les grands arbres, on trouve peu de tas d’éjections pendant certaines saisons de l’année, et cela paraît résulter de ce que l’humidité a été enlevée au sol par l’action absorbante des innombrables racines des arbres ; car, après les fortes pluies d’automne, on peut voir les mêmes endroits couverts de tas d’éjection. Bien que les taillis et les bois nourrissent pour la plupart une foule de vers, on ne put, même pendant l’automne, trouver une seule éjection sur une grande étendue de terrain, dans une forêt de grands et vieux hêtres du Knole Park, où le sol au-dessous des arbres était dépourvu de toute végétation. Et néanmoins les éjections se présentaient en abondance dans quelques clairières couvertes d’herbe et dans des échancrures pénétrant dans cette forêt. Sur les montagnes du nord du pays de Galles, et dans les Alpes, les vers, m’a-t-on dit, sont rares dans la plupart des lieux, ce qui peut bien provenir de la grande proximité des rocs sous-jacents, dans lesquels les vers ne peuvent creuser de galerie pendant l’hiver de manière à échapper à la gelée. M. le