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mée des jardiniers. C’est à peine si l’on peut trouver des vers sur les bandes de terrain sec, sablonneux ou graveleux où ne pousse que la bruyère en compagnie de quelques pieds de genêt, de fougère, d’herbes grossières, de mousse et de lichen. Mais dans beaucoup de parties de l’Angleterre, partout où un sentier traverse une lande, sa surface se recouvre d’une fine pelouse de gazon court. Quant à la question de savoir si ce changement de végétation est dû à ce que les plantes de plus grande taille sont tuées par le piétinement accidentel de l’homme ou des animaux, ou bien à ce que le sol est à l’occasion engraissé par les excréments d’animaux, c’est là ce que je ne saurais décider[1]. Sur ces sentiers gazonnés, on voit souvent des éjections de vers. Dans une lande de Surrey, soumise à un examen minutieux, il n’y avait que quelques éjectious sur ces sentiers, là où leur pente était considérable ; mais dans les parties plus horizontales où les eaux avaient amené, des régions plus escarpées, une couche de terre fine, et l’avaient portée à une épaisseur de quelques pouces, les éjections se rencontraient en grand nombre. Ces endroits paraissaient encombrés de vers, au point qu’ils avaient dû se disséminer à une distance de quelques

  1. Il y a même quelque raison de croire que cette pression est réellement favorable à la croissance des herbes, car le professeur Buckmann qui a fait beaucoup d’observations sur leur croissance dans les jardins d’expérimentation de l’École Royale d’Agriculture fait la remarque suivante (Gardener’s Chronicle, 1854, p. 619) : « Un autre point dans la culture des herbes sous la forme séparée ou par petites pièces de terre, c’est qu’il est impossible de les passer au rouleau ou de les bien presser sous les pieds, et sans l’une ou l’autre de ces choses, il n’est point de pâture qui reste bonne. »