Page:Darwin - Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale.djvu/40

Cette page a été validée par deux contributeurs.

deux d’entre elles ne font que rarement des galeries dans le sol et l’une d’elles habite des lieux très humides ou même vit sous l’eau. Nous n’avons affaire ici qu’aux espèces qui apportent à la surface la terre sous forme d’éjections. Hoffmeister dit qu’on ne connaît pas bien les espèces de l’Allemagne[1], mais il indique le même nombre que Eisen, en y ajoutant quelques variétés à caractères fortement tranchés.

Les vers terrestres abondent en Angleterre dans différentes stations. On peut voir leurs éjections en nombre tellement extraordinaire dans les prairies communales et sur les collines de craie qu’elles arrivent presque à en couvrir toute la surface, là où le sol est pauvre et l’herbe courte et clairsemée. Mais dans quelques-uns des parcs publics de Londres, elles sont presque ou même tout à fait aussi nombreuses, quoique l’herbe y pousse bien et que le sol paraisse être riche. Dans un seul et même champ, les vers sont beaucoup plus communs à certaines places qu’à d’autres, sans qu’il soit possible de remarquer quelque différence dans la nature du sol. Ils se rencontrent en abondance dans les cours pavées tout près des maisons ; je citerai même plus loin un cas dans lequel ils avaient creusé leurs galeries à travers le sol d’une cave très humide. J’ai vu des vers dans la tourbe noire d’un champ marécageux ; mais ils sont extrêmement rares ou même font tout à fait défaut dans la tourbe plus sèche, brune et fibreuse, si esti-

  1. Die bis jetzt bekannten Arten aus der Familie der Regenwürmer. (Espèces jusqu’ici connues de la famille des vers de terre), 1845.