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bois, les prairies élevées n’apportent aucune preuve à l’appui de cette manière de voir[1]. » Mais il faut que M. d’Archiac ait tiré ces conclusions non de l’observation, mais d’une conviction intérieure ; car les vers se présentent en abondance extraordinaire dans les jardins potagers, là où le sol est constamment remué ; il est vrai d’ailleurs que, dans un sol présentant aussi peu de consistance, ils déposent généralement leurs éjections dans des cavités ouvertes quelconques, ou à l’intérieur de leurs vieilles galeries, au lieu de les déposer à la surface. Von Hensen estime qu’il y a à peu près deux fois autant de vers dans les jardins que dans les champs de blé[2]. À l’égard des « prairies élevées, » je ne sais ce qu’il en est en France, mais en Angleterre je n’ai jamais vu le sol aussi amplement couvert d’éjections que dans les prairies communales, situées plusieurs centaines de pieds au-dessus du niveau de la mer. D’autre part, dans les bois, si l’on enlève des feuilles détachées en automne, on trouve toute la surface parsemée de matières d’éjection. M. le Dr  King, directeur du jardin botanique à Calcutta, à l’obligeance duquel je dois mainte observation sur les vers de terre, me communique qu’il a trouvé en France, près de Nancy, le sol des forêts de l’État couvert, sur l’étendue de plusieurs hectares, d’une couche spongieuse, composée de feuilles mortes et d’innombrables éjections. Le même M. King a entendu le professeur d’« Aména-

  1. Histoire des Progrès de la Géologie, t. I, 1847, p. 224.
  2. Transactions Geolog. Soc. vol. V, p. 505. Lu le 1er  novembre 1837.