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épaisseur, et un lit épais de terre végétale arrête de bien des façons la désagrégation des roches et fragments de roches sous-jacentes.

Le déplacement de déjections de vers par les moyens indiqués plus haut a des résultats qui sont loin d’être sans importance. On a déjà montré qu’une assise de terre épaisse de 0,2 de pouce est, en maints endroits, apportée chaque année à la surface par acre ; si une petite partie de cette assise coule ou roule, est entraînée même à peu de distance par la pluie le long de chaque surface en pente, ou est emportée à plusieurs reprises par le vent dans une direction, il en résultera un effet considérable dans le cours des siècles. Au moyen de mesures prises et de calculs, on a trouvé que sur une surface d’une inclinaison moyenne de 9° 26’, 2,4 pouces cubiques de terre rejetée par les vers avaient dépassé dans le cours d’un an une ligne horizontale longue d’une toise ; de sorte que 240 pouces cubiques dépasseraient une ligne longue de 100 toises. Cette dernière quantité pèserait à l’état humide 11 1/2 livres. C’est ainsi qu’un poids considérable de terre descend continuellement sur toutes les pentes des coteaux, et arrive, avec le temps, à atteindre le fond des vallées. Cette terre finira par être transportée dans l’Océan par les fleuves arrosant les vallées, et ce grand réceptacle réunira toutes les matières de dénudation provenant du continent. On sait, d’après le montant des sédiments annuellement portés à la mer par le Mississipi, que son énorme bassin de drainage doit s’abaisser en moyenne de 0,00263 de pouce par an ; ce qui suffirait