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qui paraissent avoir encore plus d’effet sur la décomposition des roches. La production des acides de l’humus est probablement accélérée pendant la digestion des masses de feuilles à demi décomposées que consomment les vers. C’est ainsi que les particules de terre formant la couche superficielle sont soumises à des conditions éminemment favorables à leur décomposition et à leur désagrégation. D’autre part, les particules des roches plus tendres subissent un certain degré de trituration mécanique dans le gésier musculaire des vers, dans lequel de petites pierres servent de meulières.

Les déjections finement pulvérisées coulent par un temps de pluie le long de toute pente modérée, quand elles ont été apportées à la surface dans un état humide, et les particules les plus petites sont emportées au loin même sur une surface faiblement inclinée. Quand elles sont sèches, les déjections s’émiettent souvent en petites boulettes et celles-ci peuvent rouler en bas de toute surface en pente. Là où le sol est tout à fait horizontal et couvert d’herbe, et où le climat est assez humide pour empêcher que le vent n’emporte beaucoup de poussière, il parait au premier abord impossible qu’il y ait une dénudation sous-aérienne d’une étendue appréciable ; mais c’est un fait que les déjections de vers sont emportées dans une direction uniforme par les vents dominants accompagnés de pluie, surtout pendant qu’elles sont encore humides et visqueuses. Ces différents moyens empêchent la terre végétale superficielle de s’accumuler à une grande