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billons et sillons n’aient été conservés depuis une époque très reculée[1]. Qu’ils aient été conservés pendant des durées très inégales, c’est ce qui résulterait naturellement de ce que les billons, lorsqu’ils furent formés pour la première fois, variaient beaucoup de hauteur dans les différents districts, comme cela arrive encore maintenant pour un sol qui vient d’être labouré.

Dans les anciens champs de pâture, là où l’on prit des mesures, on trouva que la terre végétale était de 1/2 à 2 pouces plus épaisse dans les sillons que sur les billons ; mais c’est là ce qui résulterait naturellement de ce que la terre la plus fine ait été emportée des billons dans les sillons par la pluie, avant que le sol ne fût bien recouvert de gazon, et il est impossible de dire quel rôle les vers peuvent avoir joué dans cette œuvre. Néanmoins, d’après ce que nous avons vu, les déjections tendent certainement à couler et à descendre des billons dans les sillons pendant une forte pluie. Mais dès que d’une façon quelconque, il s’est

  1. M. J. Tyler remarque dans son allocution présidentielle (Journal of the Anthropological Institute. Mai 1880, p. 451) « D’après plusieurs notes lues à la Société de Berlin, sur les champs des hauteurs (Hochæcker) et les champs des païens (Heidenæcker), il semble qu’ils correspondent assez par leur situation sur des collines et des espaces incultes aux sillons de sylphes (Elf-furrows) d’Écosse que la mythologie populaire explique par une interdiction des champs par un pape, ce qui aurait fait que les gens se seraient mis à cultiver les collines. Il semble qu’on ait lieu de croire que, comme les portions cultivées des forêts de la Suède attribuées par la tradition aux anciens piocheurs, les champs des païens de Germanie représentent la culture par une population ancienne et barbare.