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d’années ne peut manquer d’être considérable et elle mérite notre attention. Élie de Beaumont considérait la terre végétale qui recouvre partout le sol comme une ligne fixe ou zéro, pouvant servir de repère pour mesurer l’importance de la dénudation[1]. Il ignorait qu’il y a formation continue de terre végétale nouvelle par la désagrégation des roches et fragments de roche sous-jacentes, et il est curieux de trouver des vues beaucoup plus philosophiques soutenues il y a longtemps par Playfair, qui dès 1802 écrivait : « La permanence d’un revêtement de terre végétale à la surface du globe nous donne la démonstration de la destruction continue des roches.[2] »

Anciens campements et tumulus. — Élie de Beaumont cite l’état actuel d’un grand nombre d’anciens campements, de tumulus et de vieux champs cultivés, comme preuve que la surface du sol ne subit guère de dégradations. Mais il ne semble pas qu’il ait jamais examiné l’épaisseur de la terre végétale au-dessus des différentes parties de ces restes anciens. Il s’en rapporte principalement aux témoignages indirects, mais en apparence dignes de foi que la pente des levées anciennes est la même aujourd’hui qu’elle l’était à l’origine ; mais, il est évident que cela ne lui apprenait rien de leur hauteur primitive. Dans le Knowle Park, on avait

  1. Leçons de Géologie pratique, 1845 ; cinquième leçon. Tous les arguments d’Élie de Beaumont sont admirablement réfutés par le prof. A. Geikie dans son essai dans « Transact. Geolog. Soc. of Glasgow », vol. III, p. 153, 1868.
  2. Illustrations of the Huttonian Theory of the Earth, p. 107.