Page:Darwin - Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale.djvu/257

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Nous remarquerons ici, qu’après des pluies très fortes, on peut voir sur des champs horizontaux ou à peu près de niveau des mares peu profondes, là où le sol n’est pas très poreux ; l’eau dans ces mares est souvent un peu bourbeuse ; quand ces petites mares ont séché, les feuilles et les brins d’herbe du fond sont en général recouverts d’une mince couche de boue. Je crois que cette boue provient en grande partie de déjections récemment déposées.

M. le Dr  King me fait savoir que la majorité des déjections gigantesques décrites plus haut et trouvées par lui sur un monticule tout à fait à découvert, nu et couvert de gravier dans les Monts Nilgiri aux Indes, avaient été plus ou moins atteintes par la mousson nord-est précédente, et la plupart d’entre elles avaient l’air de s’être affaissées. Ici, les vers ne déposent leurs déjections que pendant la saison des pluies ; à l’époque de la visite de M. le Dr  King, la pluie était tombée depuis 110 jours. Il examina avec soin le sol entre l’endroit où gisaient ces déjections énormes et un petit cours d’eau au pied du monticule, mais nulle part il n’y avait d’accumulation quelconque de terre fine, comme la désagrégation des déjections y en aurait certainement laissé, si celles-ci n’avaient pas été enlevées en entier. Il n’hésita donc pas à affirmer que la totalité de ces déjections énormes est chaque année emportée par la pluie dans le petit cours d’eau pendant les deux moussons (et alors il tombe environ 100 pouces de pluie), de ce cours d’eau la terre passe ensuite dans les plaines en aval, à une profondeur de 3,000 à 4,000 pieds.