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On ouvrit le gésier de 38 de nos vers communs, et dans 25 cas on y trouva de petites pierres ou des grains de sable, en même temps que les concrétions calcaires dures formées à l’intérieur des glandes calcifères antérieures ; dans deux autres on ne trouva que des concrétions. Dans le gésier des autres vers, il n’y avait pas de pierres ; mais quelques-uns d’entre eux ne formaient pas une exception réelle, les gésiers ayant été ouverts à la fin de l’automne, c’est-à-dire lorsque les vers avaient cessé de se nourrir et que leur gésier était tout à fait vide[1].

Quand les vers creusent leurs galeries à travers de la terre abondant en petites pierres, beaucoup d’elles sont sans doute avalées inévitablement, mais il ne faudrait pas supposer que ce fait explique la présence fréquente de pierres et de sable dans leur gésier. Car des perles de verre et des fragments de brique et de carreaux durs ayant été disséminés à la surface du sol, dans des pots dans lesquels des vers tenus confinés avaient déjà fait leurs galeries, un très grand nombre de ces perles et de ces fragments furent ramassés et avalés par les vers, puisqu’on les retrouva dans leurs déjections, leurs intestins et dans le gésier. Ils avalèrent même la poussière rouge grossière résultant de la trituration des carreaux. On ne peut pas supposer qu’ils aient pris les perles et les fragments de carreaux pour de la nourriture, car nous avons vu qu’ils ont le goût assez

  1. Morren, en parlant de la terre qu’on rencontre dans le canal alimentaire des vers, dit : Præsepe cum lapillis commixtam vidi : « De lumbrici terrestris, etc. », 1829, p. 16.